L’ouvrage coécrit par Jacques Branchut et Alain Breuillin, invite le lecteur à une
exploration profonde et nuancée des degrés intermédiaires du Rite Écossais Ancien et Accepté (REAA). Ces degrés, qui s’étendent du 19
e au 29
e, sont souvent délaissés dans leur pratique directe en Loge, étant majoritairement communiqués oralement lors de la cérémonie de passage du Chevalier Rose-Croix au Chevalier Kadosch. Cependant, loin d’être accessoires, ils constituent une
colonne vertébrale essentielle à la compréhension du REAA et à l’ascension initiatique.
Ce travail, empreint d’une
profondeur maçonnique indéniable, révèle que chaque degré est bien une clef de compréhension pour l’ensemble du Rite. L’hétérogénéité apparente des thèmes abordés – historiques, mythologiques, symboliques et philosophiques – trouve une unité subtile lorsqu’ils sont réunis sous le prisme de l’initiation spirituelle.
Chaque degré apporte une pierre unique à l’édifice maçonnique, élargissant la perspective du franc-maçon et l’invitant à un cheminement spirituel de plus en plus exigeant.
L’ouvrage repose sur une érudition solide et une structuration claire. Jacques Branchut et Alain Breuillin, membres de la Grande Loge de l’Alliance Maçonnique Française (GL-AMF), dite L’Alliance, et de la Juridiction du Suprême Conseil pour la France (SCPLF), mettent à profit leur connaissance intime des degrés intermédiaires, souvent perçus comme des parenthèses dans le parcours maçonnique. En réalité, ces degrés ne sont pas de simples ornements.
Ils agissent comme des balises, guidant le maçon dans sa quête de la Connaissance et dans l’exploration des mystères maçonniques.
Le passage du
19e degré (Grand Pontife Sublime Écossais) au 29e degré (Grand Écossais de Saint-André) représente une ascension spirituelle, symbolisée par des étapes successives où chaque degré dévoile un nouvel aspect de la spiritualité maçonnique. Le Grand Pontife, par exemple, met en évidence la dualité entre la Jérusalem terrestre et la Jérusalem céleste, illustrant une quête d’équilibre entre le monde matériel et le divin. Les réflexions sur le bijou, le tableau de loge ou la cérémonie de réception enrichissent une symbolique dense, permettant au maçon d’entrevoir un horizon plus large.
De même,
le 20e degré, Maître Ad Vitam, aborde des thèmes tels que le nombre neuf, la purification par le feu ou le symbolisme de personnages bibliques comme Zorobabel. L’intégration de ces références amplifie la dimension mystique de ce degré et invite le maçon à une introspection personnelle pour embrasser l’idée de régénération spirituelle.
L’étude approfondie des degrés intermédiaires révèle un système cohérent dans lequel l’échelle symbolique occupe une place prépondérante. Chaque degré est comme un barreau sur cette échelle, conduisant progressivement le maçon vers une meilleure compréhension des mystères divins et de lui-même. Par exemple,
le 25e degré, Chevalier du Serpent d’Airain, est une métaphore puissante de la lutte entre le bien et le mal, inspirée d’épisodes bibliques tels que l’exode du peuple hébreu. Ce degré invite à réfléchir sur la nature de la justice divine et sur la capacité de l’homme à transcender ses instincts pour atteindre un état supérieur d’harmonie.
Le 28e degré, le Chevalier du Soleil, est une synthèse vibrante de l’harmonie universelle. Il s’agit d’un degré charnière où les sept vérités gnostiques sont explorées comme autant d’outils d’éveil spirituel. La symbolique du Soleil, éclairant et épurant, agit ici comme un phare pour le maçon, lui rappelant que la lumière intérieure est essentielle pour poursuivre son cheminement.
Ce livre n’est pas qu’une compilation de rituels ou une simple analyse technique des degrés, comme pourrait l’être un simple tuileur.
Il s’agit d’une réflexion sur la condition humaine, la spiritualité et l’importance de transcender les contingences matérielles pour s’élever. Jacques Branchut et Alain Breuillin parviennent à connecter les symboles anciens à des quêtes modernes, montrant que les enseignements des hauts grades du REAA ne sont pas dépassés mais bien vivants et adaptés aux besoins actuels des maçons.
Ce livre est une invitation à approfondir les mystères du REAA, mais aussi à réfléchir à ce que signifie être un maçon aujourd’hui. L’ascension des degrés n’est pas seulement une élévation dans la hiérarchie maçonnique, mais une responsabilité à porter et à transmettre les valeurs universelles que sont l’égalité, la fraternité et la lumière intérieure.
De la croix à l’échelle est bel et bien un compagnon de route pour tout Maçon engagé dans une véritable quête spirituelle. C’est un rappel que chaque degré est une étape, chaque étape une révélation, et que
la lumière recherchée n’est autre que celle que l’on porte en soi.
De la croix à l’échelle – Du 19e au 29e degré
Les degrés intermédiaires du Rite Écossais Ancien et Accepté
Jacques Branchut – Alain Breuillin – Éditions Numérilivre, 2024, 216 pages, 25 € 
