Dans l’ombre des colonnes, là où résonne encore l’écho des serments et des voyages rituels, s’élève la voix de deux Frères, Gilles Ducret, reçu au
Rite Écossais Rectifié (RER) en 1978 et engagé pour la spiritualité et la recherche initiatique au sein dudit rite et Pierre-Éric Parizot, initié en 1992 et ayant vécu tout le parcours du
Rite Écossais Ancien et Accepté et du RER, tentant toujours de faire partager sa passion pour les rites maçonniques.

Leur ouvrage,
La Franc-maçonnerie et le retour de la Lumière, n’est ni un traité académique ni un essai doctrinal figé dans la pierre de dogmes inébranlables, mais une
invitation à pénétrer les arcanes d’une quête initiatique qui, loin de se dissoudre dans le fracas du monde moderne, retrouve son éclat dans le silence intérieur des chercheurs de vérité.
Sublimant cet ouvrage, la première de couverture et les illustrations sont signées Julie Lô, du
Centre International des Traditions de l’Image de Lumière (CITIL), fondé par le maître enlumineur Jean-Luc Leguay. Par son art, elle accompagne cette quête spirituelle d’une lumière symbolique, résonnant avec l’essence même du texte.
La plume des auteurs, empreinte de fraternité et de cette sincérité propre à ceux qui ont longuement médité leur cheminement, nous
convie à une méditation sur l’essence même de la Franc-Maçonnerie. Non comme un simple vestige d’un passé glorieux, mais comme un viatique nécessaire pour l’Homme en quête de sens. Cette quête, ils la situent à la croisée des temps, reliant l’interrogation des premiers maçons du XVIII
e siècle à l’aspiration contemporaine d’un face-à-face avec l’ultime réalité.
Dès les premières pages, une évidence s’impose
: la Franc-Maçonnerie ne saurait être qu’un assemblage de symboles et de rituels si elle n’est pas vécue dans toute son exigence spirituelle. Les auteurs rappellent avec force que l’initiation n’est pas une simple transmission de formes, mais une ouverture à une expérience intérieure, une ascèse qui, par le travail sur soi, permet de se tenir debout entre le ciel et la terre.
Au fil des chapitres, Gilles Ducret et Pierre-Éric Parizot tissent un dialogue subtil entre tradition et modernité, entre la mémoire d’un passé fondateur et la nécessité d’une maçonnerie vivante, non figée dans une nostalgie stérile. Ils interrogent la place du chrétien dans l’Ordre initiatique, non pour enfermer la Franc-Maçonnerie dans un carcan confessionnel, mais pour en souligner la portée universelle.
Car si la maçonnerie chrétienne, notamment celle du Rite/Régime Écossais Rectifié, structure leur pensée, c’est pour mieux montrer que le christianisme lui-même n’a de sens que dans sa dimension initiatique, et non dans la simple observance d’une foi dogmatique.
L’un des points majeurs de leur réflexion réside dans la
fonction chevaleresque de l’initiation. Devenir Franc-Maçon, c’est accepter d’être un
Chevalier Bienfaisant de la Cité Sainte (CBCS), un bâtisseur de l’invisible, celui qui, par son engagement, restaure la justice et la lumière au cœur de la cité des hommes. Il ne s’agit pas d’une posture romantique ou d’un vague idéal ésotérique, mais d’une discipline de l’âme, d’une vigilance constante face aux mirages du monde profane.
Mais cette lumière que le Maçon cherche à retrouver n’est pas une clarté éblouissante qui s’impose à lui. Elle est cette lueur fragile qui vacille dans l’obscurité et ne demande qu’à être attisée. Elle est ce regard intérieur qui, à force d’interrogations et d’abandons, découvre que le temple véritable n’est pas de pierre mais de silence. Car c’est dans le silence que naît la parole véritable, celle qui édifie l’homme et le conduit vers son propre centre.
La Franc-maçonnerie et le retour de la Lumière n’est donc pas seulement un livre, mais
une invitation à se tenir à la frontière de l’invisible, là où l’initiation prend tout son sens. Gilles Ducret et Pierre-Éric Parizot nous rappellent que la démarche maçonnique ne se résume pas à l’apprentissage des rituels ou à la quête d’un savoir livresque. Elle est un engagement total, une voie où l’on accepte d’être dépouillé de ses certitudes pour mieux accueillir l’inattendu du Divin.
Dans une époque où la Franc-Maçonnerie est parfois réduite à une sociabilité sans transcendance ou à un conservatoire de traditions désincarnées, cet ouvrage vient rappeler avec justesse que l’Ordre initiatique ne trouve sa raison d’être que dans la lumière qu’il parvient à raviver en chaque Frère. Une lumière qui n’est ni un héritage à conserver jalousement, ni une vérité à imposer, mais une expérience intime, vibrante et toujours recommencée.
À travers ce livre, Gilles Ducret et Pierre-Éric Parizot s’inscrivent dans la grande lignée de ces Maçons pour qui
l’initiation n’est pas un simple mot, mais une aventure intérieure, exigeante et exaltante. Que ceux qui cherchent, s’arrêtent un instant sur ces pages ; ils y trouveront sans doute un reflet de leur propre quête, un écho discret de cette parole oubliée qui, depuis les premiers âges, murmure à l’oreille des initiés :
celui qui cherche la Lumière doit d’abord consentir à traverser la nuit !
La Franc-maçonnerie et le retour de la Lumière
Gilles Ducret – Pierre-Éric Parizot
Éditions Numérilivre, coll. Voies de la Connaissance, 2025, 160 pages, 22 €