Dans
Les Assassins d’Alamût, Yves Bomati nous entraîne dans une fresque historique et initiatique où l’histoire rencontre le mythe. À travers une analyse rigoureuse des sources orientales et occidentales, il dissipe les légendes et révèle un ordre ismaélien profondément ancré dans la stratégie, la connaissance et la quête initiatique. Loin des clichés de fanatiques drogués, les Assassins apparaissent comme des hommes d’une discipline absolue, engagés dans un combat spirituel autant que politique. Cette lecture résonnera avec tout initié en quête de vérité et de transmission.
The Assassins of Alamut : between myth and reality, an initiatory investigation : In
The Assassins of Alamût, Yves Bomati immerses us in a historical and initiatory fresco where history meets myth. Through a rigorous analysis of Eastern and Western sources, he dispels legends and unveils an Ismaili order deeply rooted in strategy, knowledge, and the initiatory quest. Far from the clichés of drugged fanatics, the Assassins emerge as men of absolute discipline, engaged in a spiritual as well as political struggle. This book will resonate with any initiate in search of truth and transmission.
Los Asesinos de Alamut: entre el mito y la realidad, una investigación iniciática : En
Los Asesinos de Alamût, Yves Bomati nos sumerge en un fresco histórico e iniciático donde la historia se encuentra con el mito. A través de un análisis riguroso de fuentes orientales y occidentales, disipa las leyendas y revela una orden ismaelita profundamente arraigada en la estrategia, el conocimiento y la búsqueda iniciática. Lejos de los clichés de fanáticos drogados, los Asesinos emergen como hombres de disciplina absoluta, comprometidos en una lucha tanto espiritual como política. Esta obra resonará con todo iniciado en busca de la verdad y la transmisión.
Dans la brume des hautes vallées persanes, parmi les reliefs escarpés de l’Elbourz, se dresse
Alamût, forteresse mythique qui fut le berceau d’un ordre redouté et admiré : les Assassins. Yves Bomati, historien averti, plonge dans cet univers où le réel se dissout dans la légende, où l’ombre d’Hasan Sabbāh hante encore les chroniques d’
Orient et d’Occident. Dans
Les Assassins d’Alamût, il déploie un regard nuancé,
débarrassant l’ordre nizārite de l’enveloppe fantasmagorique qui lui fut tissée par ses détracteurs et les récits des voyageurs.
Le mythe des Assassins, ciselé au fil des croisades et des conflits politiques, résonne encore dans l’imaginaire collectif comme une incarnation de la terreur et du secret. Pourtant, Yves Bomati nous exhorte à lever ce voile d’illusions, scrutant les sources persanes, arabes et latines avec la rigueur d’un chercheur, mais également l’intuition d’un initié. Le fil narratif se tend entre les siècles, reliant la poigne implacable de Hasan Sabbāh à la survie contemporaine de l’ismaélisme nizārite. La plume de l’auteur, sans se complaire dans l’exotisme, ranime avec une rare précision les contours d’une société structurée par la dévotion, la stratégie et la connaissance.
Hasan Sabbāh, révolu dans la mémoire européenne comme un chef de guerre implacable, apparaît ici sous un jour plus contrasté : non seulement stratège et maître de l’espionnage, mais avant tout penseur, mystique et bâtisseur d’une utopie hermétique. Ce fils d’une Perse en mutation, instruit à Nichapour et
initié à la rigueur intellectuelle de la da’wa ismaélienne, incarne la fusion entre doctrine et action, entre le verbe et l’épée. Dans cette maîtrise des oppositions se dessine une voie initiatique, où la parole devient puissance, et où le sacrifice est érigé en vertu suprême.
Yves Bomati, par une analyse subtile, dissèque les rapports entre les Assassins et leurs contemporains : les Seldjoukides, les Croisés, les Mongols. Il démontre avec finesse comment
l’ordre a su naviguer dans les eaux troubles d’une période en mutation, alternant diplomatie secrète et coups de poignard cérémoniels. L’approche est d’une profondeur rare, non seulement dans la restitution des événements, mais aussi dans l’exploration des mécanismes de domination et de survie propres aux sociétés initiatiques.
Dans cette fresque où l’histoire rencontre le symbolique, le lecteur Maçon percevra des échos familiers. N’est-ce pas là, dans la
quête d’une connaissance éclairée, dans la discipline imposée par le Devoir, que se révèle l’essence de tout parcours initiatique ? L’art du silence, le langage des signes et l’épreuve comme accès au véritable savoir sont des fondations communes à ces sociétés de l’ombre. Et si les Assassins ont suscité tant de fantasmes, n’est-ce pas justement parce que leur ordre portait en lui une science de la dissimulation et une maîtrise des apparences propre aux cercles fermés ?
La dernière partie de l’ouvrage élargit la perspective au-delà de la
chute de la forteresse en 1256, jusqu’à la survivance moderne du nizārisme sous l’égide des Aga Khans. Loin d’être un récit figé, l’ordre des Assassins se révèle comme une entité fluide, adaptative, poursuivant son œuvre par des voies plus discrètes.
Yves Bomati réalise alors une prouesse : non seulement il nous livre une étude solide et nuancée, mais il invite aussi à une réflexion plus large sur la construction des mythes, sur la manière dont l’histoire et ses jeux de miroirs réinterprètent sans cesse le passé.
Dans cette lumière filtrée par les siècles, le lecteur maçonnique trouvera un prisme idéal pour interroger les mécanismes du secret et de la transmission. Car au fond, c’est bien de cela qu’il s’agit : d’une lignée d’hommes voués à une quête absolue, fuyant les dogmes officiels pour suivre la lueur de leur propre initiation. Yves Bomati, par sa plume ciselée, nous ouvre une porte sur
cet univers où l’esprit, armé de sa volonté, se taille une citadelle hors du temps.
Les Assassins d’Alamût – Les dessous d’une politique de la terreur
Yves Bomati – Armand Colin, 2024, 288 pages, 23,90 €
