Salomon
Le roman Salomon de Florence Ferrari, auteure reconnue pour ses contributions au roman historique, ne se contente pas de dérouler la légende du roi légendaire d’Israël. Il s’ancre dans la dualité entre mythe et humanité, entre pouvoir céleste et faiblesses terrestres, pour livrer un portrait où se croisent la grandeur d’un bâtisseur visionnaire et la fragilité de l’homme en quête de rédemption. Bien loin de l’image figée du « Roi Sage » de la tradition, Salomon se dévoile ici sous un jour profondément intime, introspectif et humain. L’auteure explore les tréfonds de son être, en écho constant aux dilemmes moraux et spirituels qui le hantent. Dans cet ouvrage, Salomon incarne la sagesse et l’humanité exacerbée. Il ne s’agit pas uniquement du roi légendaire, architecte du premier Temple de Jérusalem et juge magnanime. Salomon est présenté comme un homme vulnérable, marqué par une ambivalence existentielle : il se doit d’être le médiateur et l’avocat de son peuple, tout en restant captif de ses propres tourments. À travers une écriture dense, Florence Ferrari transpose le parcours initiatique de ce souverain qui, influencé par son entourage et ses alliances – notamment avec la fille du pharaon –, cherche à établir un royaume de justice, tout en naviguant dans un univers instable, saturé de conflits internes et externes. La structure narrative, semblable à un testament écrit pour son fils qu’il aurait eu avec la reine de Saba, confère au récit une tonalité de transmission. C’est un message destiné à un héritier spirituel, pour qui chaque mot renvoie à un apprentissage vécu, à une initiation personnelle. En dressant ce bilan, Salomon, à la fois héritier et initiateur, nous mène dans un voyage philosophique où les concepts de pouvoir, de sacrifice, et de rédemption transcendent les simples visées terrestres pour atteindre un idéal de transcendance.
Le roi Salomon
Florence Ferrari souligne également le caractère universel et intemporel de cette figure biblique. Salomon, par ses alliances politiques et sa vision de la tolérance, incarne l’idée d’une société ouverte à la transcendance, un rêve d’universalisme. Ferrari nous invite ainsi à contempler non seulement le bâtisseur du Temple, mais également le philosophe et le poète qui, en quête de vérité, jongle avec ses idéaux et les réalités d’un monde souvent intransigeant. Son règne n’est pas une simple quête de pouvoir, mais une lutte incessante pour dépasser les clivages et instaurer un ordre harmonieux fondé sur des valeurs éternelles. Le lecteur est entraîné dans un roman d’initiation, où chaque étape, chaque réflexion nourrit une quête existentielle intense. L’œuvre devient un espace de résonance spirituelle, un livre que l’on habite, selon les propres mots de l’auteure, plus qu’on ne le lit. L’aura mystique de Salomon demeure omniprésente, mais son humanité, sublimée par une écriture riche et sensible, offre une perspective nuancée et vibrante de cette figure complexe. Salomon Florence Ferrari – Les Éditions Tapuscrit, 2019, 128 pages, 14 €
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